Sanglante Augure

 

 

"Priez les Dieux qui vous ont oubliés! Le Septentrion sait tout, vois tout, comprends tout, et des plaines glacées du Nord, par delà la Mer de Givre, il se prépare pour l'heure de votre jugement.

Vous sombrez dans le stupre et la décadence impure. L'Empire Massoetis n'est plus, votre grandeur s'est effondrée. Vous n'êtes que des hommes. Vous vous prenez pour des Dieux. Pauvres fous! Il est l'heure du repentir.

L'Ykhmath et le lointain Thaurkæmh n'ont pas oublié notre victoire passée. Ils refourbissent leurs armes, tissent leurs sortilèges, et vous êtes si faibles. Le temps de la gloire massoet est un rêve qui va vous conduire à l'abîme le plus ténébreux. Par delà les treize nuits, les doigts glacés de l'Abîme se renferment sur nous. Croyez-vous que les fantasmes de l'iris seront alors barrière entre vous et eux!

Jadis, la force sudérienne était notre. En ces jours sombres, elle nous a quittés. Nous sommes ici pour souffrir. Vous vous gaussez de songes et laissez vos lames s'émousser dans leurs fourreaux. Il n'y a pire décadence que la nôtre. Nous devons expier nos fautes et marcher vers la mort la tête basse. Vous êtes coupables. Nous sommes coupables, infiniment coupables, et rien moins que la fin la plus douloureuse pourra expier nos fautes. Nous devons laisser la place au peuple élu venu des cieux profonds. Eux ne connaîtrons pas la faiblesse.

Vous riez et ne m'écoutez pas! Pauvres fous.

Bientôt, seuls les purs verront sans souffrir la venue d'Akerôn le Noir et de Nagorrthog le Ravageur. Peut-être même sont-ils déjà en vous et vous les ignorez. Leurs griffes vous caressent les entrailles avant de vous déchirer. C'est avec joie que vous les accueillez. Folie, vous dis-je!

Pourquoi ne m'écoutez-vous pas! Pourquoi riez-vous!

Il est déjà trop tard. Nous sommes perdus. Xzuul se rappelle mais ne dira rien. Jamais. Ca n'est pas son rôle. C'est celui des hommes. Oui, Xzuul n'est pas une légende. Tant cela vous déplaise, ça n'en est pas moins vrai. Je suis allé à Xzuul et j'y suis déjà mort.

Cessez de rire!

Nous sommes tous morts. Certains seuls en sont conscients! Vous croyez vivre en vous livrant à des débauches orgiaques! Les Dieux savent plus que cela. Un jour, vous périrez mille fois de n'avoir pas voulu comprendre."

 

Prêche d'un mystique fou entendu au détour d'une rue de Zerllian avant que la Garde ne l'emmène.

Propos recueillis en l'Année de Noad.