Mémoire de Braise

 

"Je ne suis plus bon à grand-chose, Beowulf, par ces temps arides et cette terre perdue à la Vérité. Il faut que tu apprennes, pourtant, car de nous tous, tu vivras le plus longtemps. Entends mes paroles et, par Xanthis, tais-toi! Je ne pourrais répéter.

Sache, Beowulf, que notre ordre n'est pas le dernier. Plusieurs dizaines de vies de cela, les peuples des terres sudériennes s'allièrent pour mettre fin à la vilenie d'Ykhmath. Alors, lithiques, astariels ou saraddéens n'étaient pas encore. Nous étions tous de simples hommes. La parole de Xanthis avait encore audience en cette époque maudite et regrettée à la fois. C'était un temps ou l'Akkad était une région de l'Ykhmath. Une ère ou la force des armes Massoetis seule faisait barrière à leurs démons et à leurs rîtes impies. Un âge ou les sudériens connaissaient encore le sens du mot courage et pour qui la mort était meilleure compagne que la plus tendre des femmes. - Ville engeance que celles-ci!

Oui, nous ne sommes pas les derniers. Tant s'allièrent et tant combattirent que cela ne peut être.

L'Ordre de l'Epée a disparu au gré des caprices d'un suzerain sacrilège et sodomite. Je sais que celui des Larmes perdure encore. Mais où? J'ai tant vécu dans ce désert que toute connaissance s'est effacée. Et sont-ils encore fidèles à la seule Vérité? L'ont-ils jamais été?

La force sudérienne disparaît dans des étreintes incestueuses. Les démons et leurs noirs maléfices font régner sur ces terres une puanteur impie. Et les hommes de cet âge s'y complaisent! Soyons-nous maudits pour leur permettre de tels sacrilèges!

Toi aussi tu as fauté, Beowulf! Tu dois expier tes faiblesses, dans la douleur et le feu. Soyons-nous livrés aux enfers pour avoir cru que les sables d'Akkad feraient périr l'Ykhmath. Les démons et leurs vices ne sont pas des dupes, eux. L'homme est une engeance maudite et la femme n'est que l'outil de la géhenne pour l'amener à sa fin.

Il faut combattre avec le fer et le feu la progéniture du mensonge. Xanthis est la Seule Vérité. Il faut la rappeler à tous, par l'acier et le Sang, dont nous sommes les porteurs. Tu seras le dernier, Beowulf, purifie toi de tes erreurs. Elles sont une injure à la Vérité. Il faut rallier les hommes à notre bannière - au fil de nos lames et par la règle incorruptible de notre exemple. Ne l'oublie jamais! N'outrage pas ma longue existence."

 

Discours d'Atinosor de Salmer, Chevalier de l'ordre du Sang, en la Commanderie du levant, aux limites d'Akkad et de la Massoetie.

Peu avant son décès en l'Année de Vaad